La relève dans les cliniques de physiothérapie, ce sont aussi des histoires de reprise et de transfert de clinique. Découvrez l’histoire particulière du mentorat de René Joyal et Claire Bourassa, ou comment un travail universitaire a mené à une reprise de clinique.
De travail universitaire à reprise de clinique : l’histoire particulière du mentorat de René Joyal et Claire Bourassa

René Joyal, pht, et Claire Bourassa, pht
René Joyal, le mentor
René Joyal se destinait plutôt à la médecine ; il désirait aider les gens malades, à l’instar du Dr Albert Schweitzer, dont il avait lu la biographie. La vie en a décidé autrement. En 1975, René obtient son baccalauréat en physiothérapie de l’Université de Montréal.
Il commence sa carrière au sein de Mission Québec 76, un programme gouvernemental de soutien à l’élite sportive québécoise en vue des Jeux olympiques de Montréal. Cette première expérience teintera la suite de son activité : « cela m’a inspiré lorsque j’ai choisi d’ouvrir mon premier cabinet de pratique privée à Repentigny », reconnaît René. Cette implication auprès d’athlètes se poursuivra pendant de longues années puisqu’il s’est notamment investi aux Internationaux de tennis junior à Repentigny de 1985 à 2008.
En 1984, René Joyal inaugure sa première clinique à Repentigny et « au fil des années, j’ai fondé des bureaux à Terrebonne, Pointe-aux-Trembles et Montréal-Est avec Ambroise Courteau, pht, et à Sainte-Anne-des-Plaines et Mascouche avec Stéphane Delisle, pht. » Mais au début des années 2000, après une planification stratégique, René se demande s’il doit racheter les parts de ses associés ou plutôt tout leur vendre.
Claire : de thérapeute en réadaptation à physiothérapeute
La carrière en physiothérapie de Claire Bourassa débute quant à elle comme thérapeute en réadaptation physique[1] après l’obtention de son DEC au Cégep François-Xavier Garneau. « J’ai toujours eu une curiosité pour le corps humain, la santé, l’activité physique, explique-t-elle. Par contre, en me questionnant sur mon choix de carrière, je me suis rapidement rendu compte que le côté microscopique (cellules, chimie, etc.) ne m’intéressait pas du tout, c’est vraiment la mécanique qui me fascine. »
Dès les premières semaines de son DEC, Claire a vite su qu’elle voulait devenir propriétaire de clinique : « C’est un rôle beaucoup plus naturel pour moi qu’être employée », déclare Claire. Elle poursuit donc ses études en physiothérapie à l’Université Laval, dans le profil entrepreneurial, évidemment.
La jeune femme souriante reconnaît vouloir que les choses évoluent et s’améliorent sans cesse ; elle se décrit comme ayant toujours eu beaucoup d’initiative. Ainsi, quand dans le cadre d’un travail universitaire, elle rencontre René Joyal, elle saisit la balle au bond. « En parlant de mon projet, quelqu’un m’avait fait savoir que René avait une clinique bien établie avec une très belle équipe, qu’un de ses physiothérapeutes allait prendre sa retraite sous peu et qu’il serait à la recherche de relève puisque personne ne souhaitait reprendre l’administration dans l’équipe actuelle. Je l’ai donc rencontré pour mon travail de maîtrise et je lui ai laissé mon CV en partant… juste comme ça, au cas où », raconte Claire.
À l’approche de son cinquante-cinquième anniversaire, René Joyal a en fin de compte choisi, quelque temps auparavant, de revendre ses parts à ses associés et de conserver uniquement la clinique de Repentigny. Il accepte de recevoir Claire : « à la fin de l’entrevue, nous avons discuté de nos propres visions de la physiothérapie, du service à la clientèle et de l’approche clinique, se souvient René Joyal. Nos visions correspondaient énormément. » Cela aurait pu en rester là, Claire s’en allant ensuite en stage au Qatar. Pourtant, « lorsqu’elle est revenue, je l’ai contactée en lui offrant un poste de physiothérapeute », ajoute René Joyal.
Une relation d’affaires et d’humain
« J’ai donc commencé en tant que physiothérapeute chez Physio PRJ en janvier 2016, raconte Claire. Dès le départ, j’étais en même temps présenté comme celle qui reprendrait fort probablement les rênes. » René de son côté entamait son retrait en passant à temps partiel au sein de la clinique et en laissant Claire mettre en place les initiatives qu’elle souhaitait. « L’honnêteté et le grand respect l’un pour l’autre à chacune des étapes ont contribué au succès de ce transfert, ajoute Claire. C’était une décision d’affaires, mais chargée d’intention humaine. »
Des intentions humaines présentes autant dans leur relation l’un envers l’autre qu’envers l’équipe de la clinique et de sa clientèle d’ailleurs. « Le respect du personnel, une vision clinique claire et acceptée bilatéralement, une approche client semblable ainsi que la volonté de l’équipe de collaborer à l’évolution de la clinique ont permis une transition en douceur », confirme René.
Cette passation a maintenant quelques années. Avec ce recul, quels conseils donneraient-ils à quelqu’un souhaitant réussir une reprise de clinique ?
« Assure-toi d’acheter quelque chose qui te ressemble, parce qu’acheter quelque chose qui existe prend énormément de temps et d’énergie à changer. Le naturel, l’équipe et les valeurs d’entreprise doivent te correspondent dès le début. Après, tu pourras l’améliorer progressivement, mais on ne change pas la nature des choses qui sont là avant nous » confie Claire.
De son côté, René ajoute de se parler ouvertement pour éviter les malentendus, préciser notre pensée et les actions à prendre. Et de se rappeler que le processus de relève, ça prend du temps. « Lorsque je faisais partie du club des chefs d’entreprises, on mentionnait que cela prenait facilement 10 ans pour finaliser un processus de relève. Cela m’a pris plus de temps, mais c’est une réussite. C’est une grande satisfaction pour moi d’avoir réussi cette transition et je dirais même un privilège ! » conclut celui qui exerce toujours au sein de la clinique en tant que physiothérapeute.
[1] Le titre de thérapeute en réadaptation physique est devenu technologue en physiothérapie en 2020.